Le programme de médiation en santé consiste à développer des actions de médiation pour favoriser l’accès à la santé des populations en situation de précarité, par leur intégration dans le système de santé de droit commun, mais également à améliorer les connaissances des acteurs de santé vis-à-vis de ces personnes.
La phase expérimentale du programme s’est déroulée de 2011 à 2012. Durant ces 2 ans, trois associations locales ont mis en œuvre des actions de médiation sanitaire auprès d’environ 150 femmes roms et de leurs jeunes enfants, sur quatre départements en France : l’Aréas dans l’agglomération lilloise, Médecins du Monde dans l’agglomération nantaise et l’AŠAV dans le Val-d’Oise et à Bobigny. Les médiateurs suivaient une quinzaine de foyers chacun.
En décembre 2012, ces deux années ont débouché sur l’organisation d’un colloque « La médiation pour l’accès à la santé des populations précarisées : l’exemple des Roms« . Retrouvez les actes, ici.
L’évaluation mettait en avant les résultats positif de l’expérimentation du programme.
Ainsi, avec l’appui du ministère des Affaires Sociales et de la santé et de l’Agence Santé Publique France, le programme de médiation sanitaire a été étendu sur la période 2013-2016, d’un point de vue géographique en développant des actions sur d’autres territoires et populationnel en dépassant la santé materno-infantile pour cibler toute la population habitant en bidonvilles. L’enjeu de cette extension réside également dans l’adaptation du programme à d’autres publics connaissant des freins similaires d’accès à la santé, tels que les Gens du voyage en situation de précarité. La médiation sanitaire en direction de ce public a été inscrite dans le plan pluriannuel contre la pauvreté et l’inclusion sociale adopté officiellement par le gouvernement français le 21 janvier 2013.
En 2017, le programme compte 15 médiateurs issus de 12 structures associatives locales, intervenant dans les agglomérations caennaise, grenobloise, lilloise, lyonnaise, marseillaise, nantaise, rouennaise, montpelliéraine ainsi qu’en Ile-de-France. Pour plus de détails voir, les acteurs locaux.
Objectifs
Localement, il a comme objectifs de :
- Développer les connaissances et capacités des personnes pour un accès autonome aux soins et à la prévention dans les services de santé de droit commun
- Mobiliser les acteurs de santé et favoriser une meilleure connaissance de ce public
- Remonter à leur responsable de structure les risques sanitaires observés sur les lieux de vie
Au niveau national, le programme vise à :
- Développer des actions de médiation sanitaire en direction des populations roms vivant en squat et en bidonville et d’un public de Gens du voyage en situation de précarité
- Promouvoir la médiation sanitaire en direction auprès de tout public vulnérable connaissant des freins d’accès à la santé
- Professionnaliser les médiateurs en santé et promouvoir la reconnaissance de ce métier
En savoir plus sur les objectifs spécifiques et les moyens
Bénéficiaires
En 2017, les 15 médiateurs sanitaires sont employés par 12 associations locales intervenants dans 11 départements en France.
- En 2015, les 11 médiateurs intervenants auprès des personnes migrantes vivant en bidonvilles ont pu suivre un total de 2574 personnes, soit une augmentation de +62 % de la population suivie par rapport à 2013 du fait du développement du programme. En 2015, les médiateurs ont pu couvrir un périmètre de 35 bidonvilles et squats en même temps (57 bidonvilles différents sur l’année du fait des déplacements des interventions au gré des évacuations forcées). Chaque médiateur suivait une moyenne de 230 personnes et de manière générale une surreprésentation des femmes et des enfants (41% du total des bénéficiaires étaient des enfants, dont 547 avaient moins de 6 ans) parmi la population suivie.
Retrouvez plus d’informations sur l’activité et les résultats des médiateurs du programme par année, concernant l’accès aux droits, l’orientation et l’accompagnement des personnes vers les services de santé (soins, prévention) et le développement d’actions d’éducation pour la santé et de dépistage ciblé, ici.
- Depuis 2013, le programme impulse et appuie la construction de projets de médiation en santé auprès d’un public de Gens du voyage en situation de précarité en France. La mise en oeuvre effective a débuté en 2015 avec l’intégration en juin d’une première structure membre, le Relais Accueil Gens du voyage (RAGV 76) à Rouen, suivie au second semestre 2016 par l’intégration de deux associations (SOliHA à Caen et Les Forges-Médiation à Nantes). .
En France, les Gens du voyage[1], estimés à trois ou quatre cent mille personnes, sont pour la plupart, de nationalité française, francophones et résidant sur le territoire français depuis plusieurs générations. Ils sont touchés depuis de nombreuses années par les mutations économiques, sociales et territoriales qui peuvent les faire glisser vers la précarité. Les activités économiques traditionnellement pratiquées par les Gens du voyage ne permettent plus de subvenir aux besoins de la famille. L’autonomie et la mobilité diminuent. À l’heure actuelle, la majorité des Gens du voyage est bénéficiaire des minima sociaux.D’autre part, l’organisation territorialisée de nombreuses politiques publiques rend difficile la prise en compte des populations non sédentaires. En effet, c’est l’adresse de domicile qui donne le statut d’habitant d’un territoire et permet l’activation des droits associés. Par définition, les gens du voyage, même quand ils sont moins mobiles, ne sont pas reconnus comme habitants d’un territoire, ce qui freine l’accès aux droits et l’accès aux soins.
- Par ailleurs, les médiateurs interviennent auprès de deux cents acteurs sociaux et sanitaires (CPAM, PMI, hôpitaux, Centre de planification et d’éducation familiale, Centres de lutte anti tuberculeuse (CLAT) , Centres de dépistage (CeGIDD), cabinets de ville généralistes ou spécialistes, libéraux ou institutionnels/associatifs) sur le territoire national.
[1] Le terme « Gens du voyage » désigne globalement les Français vivant en caravane (plus largement abris mobile terrestre, sans domicile ni résidence fixe) dont le statut administratif est fixé par la loi du 3 janvier 1969 et le décret du 31 juillet 1970. Ce statut entraîne notamment des obligations de démarches spécifiques liées à la circulation.
Moyens mis en œuvre
- Une coordination nationale assurée par l’AŠAV
- 15 médiateurs en santé employés par 12 structures associatives membres, qui couvrent les agglomérations nantaise, marseillaise, lyonnaise, lilloise et grenobloise, en Seine Saint-Denis, dans le Val-de-Marne et dans le Val-d’Oise.
- Les médiateurs bénéficient de formations et de temps d’échanges et d’analyse professionnelle pour réfléchir sur leur pratique, formaliser leur expérience et contribuer au dispositif d’évaluation de leur action. Voir ici, pour plus d’informations.